Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/39

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nications spirituelles, morales, économiques des nations civilisées, par leur fréquence et par leur permanence, rendent dangereux pour la paix intérieure et la puissance extérieure de chacune les idées et les systèmes qui peuvent régner chez l’une d’elles, et en préparer la dissolution et la décadence. Une intervention énergique, comme le modèle nous en est fourni par celle du duc d’Angoulême, peut sauvegarder les intérêts des autres nations en éloignant le péril. Le xixe siècle tout entier a vu se heurter deux principes, l’un révolutionnaire et l’autre organisateur. Le champ de bataille de ces deux mouvements contraires a été européen.

Il importe peu que Proudhon ait considéré les traités de Vienne comme garantissant des constitutions aux peuples de l’Europe : son affirmation touchant la Pologne, son hostilité aux principes de nationalité et de frontières naturelles nous autorisent à ne retenir de son estimation des traités de 1815 que ce qui est conforme à une politique européenne. Reconnaître aux souverains des grandes nations le droit d’imposer un ordre à l’Europe, fût-ce en invoquant les Droits de l’Homme, c’est renier la liberté sacrée des nations, c’est applaudir à la politique de la Sainte-Alliance. Toujours soucieux de se ranger au parti de la Civilisation internationale sans cependant renoncer aux préjugés quatre-vingt neuviens, Proudhon se tirait d’affaire en spécifiant que l’ère des constitutions datait de 1815. Il n’en reste pas moins, et c’est le plus important, que Proudhon était partisan résolu de l’interventionnisme si odieux aux vieilles barbes libérales et si funeste aux intérêts de l’Angleterre, dont le grand penseur dénonçait, à cette occasion, la politique désorganisatrice sur le continent.

C’est le même Proudhon qui proclamait la nécessité