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plus qu’il y a deux siècles, exposés aux coups des Barbares.

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Véritable organe des intérêts de la Civilisation, Proudhon s’affirmait défenseur de l’Ordre Européen. Les rapports des nations leur interdisent de se désintéresser les unes des autres. Il y a une défense de la Civilisation générale à organiser, un Ordre international à assurer. La vie et l’intérêt supérieur des nations civilisées sont compromis le jour où disparaissent ces protections de la Civilisation. On peut médire de la Sainte-Alliance ; on peut la railler, on ne l’a pas remplacée. La France et l’Autriche devaient s’entendre pour empêcher l’accroissement du nombre des grandes puissances. À cette matière offerte par les races, les collectivités, les peuples les plus divers de l’Europe, elles auraient dû continuer à imposer un ordre. Faute de cet ordre européen, faute de cette limitation du nombre des grandes nations, l’Europe est en anarchie et subit la tyrannie du César germain.

La nation, dont l’esprit et le génie sont la parure de l’Europe civilisée, celle d’où s’élève la plus haute fleur de civilisation humaine, peut seule reconstituer une Europe. Peut-être l’institution de quelques démocraties lui sera-t-elle un instrument de reconstruction : l’abaissement de la Prusse peut contribuer à la restauration de l’Europe ; le jardinier qui dépouille un arbre trop chargé de fruits et le prive de fortes branches, organise son développement, et lui assure, au prix d’une diminution partielle, un bel avenir[1]. Ainsi,

  1. Quelques personnes se sont étonnées que des antidémocrates puissent souhaiter l'institution de démocraties. C’est dans l’intention de répondre à leurs objections que j’ai supposé que l'abaissement nécessaire