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ans : à elle seule, elle vide un département rural. Le Rhône, qui devrait perdre 15 000 habitants, en gagne 57 674. C’est, au bas mot, 70 000 âmes qu’il enlève aux départements ruraux qui l’avoisinent.

Mêmes remarques pour la Seine-et-Oise, les Bouches-du-Rhône, la Gironde, départements malthusiens, qui s’accroissent de la substance des campagnes. Nombreux sont les départements qui, d’un recensement à l’autre, perdent 2, 3, 4 et même 5 p. 100 de leur population. Le fief de Joseph Reinach, les Basses-Alpes, dépasse cette dernière proportion.

Aussi notre agriculture est-elle menacée. Elle ne se maintient qu’au prix de tarifs protecteurs destinés à satisfaire l’électeur paysan. Rien que pour les céréales, de 1906 à 1911, nos ensemencements en blé, seigle et méteil ont disparu sur une surface de 300 000 hectares (exactement 298 499). Il en va de même pour toutes les cultures. Les villages « tombent à rien ».

Une à une, les maisons de nos campagnes se vident, se lézardent, s’effondrent. La propriété, le sol tant aimé par nos aïeux, se perd. La friche et la lande règnent à nouveau.

Ce bilan est clair. La démocratie ruine tout ce qu’elle touche. Rien ne résiste à son infernal génie de destruction. Elle peut à bon droit se réjouir : elle nous a avilis ; elle a réussi à corrompre le peuple lui-même.

Cependant, la démocratie aurait tort d’escompter une victoire définitive. Il y a dans ce pays des forces encore intactes, des hommes qui, tout pleins de notre passé, se sont gardés purs. Les gens qui sont « dans la maison » française mettront à la raison les démocrates qui font « la foire sur la place ».

La démocratie est très puissante, si l’on considère