Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/17

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La patriotisme peut donc se présenter sous deux aspects radicalement différents : il peut signifier surtout loyalisme gouvernemental ; c’est dans ce sens évidemment que la bourgeoisie le comprend et veut le faire entendre, et contre ce loyalisme, l’antipatriotisme est une révolte tout à fait nécessaire et légitime. Mais il peut avoir aussi un sens révolutionnaire, — non que le patriotisme puisse rentrer dans la catégorie des « sentiments conditionnels » : je pense au contraire, avec Proudhon, que le « sentiment de la patrie est comme celui de la famille, de la possession territoriale, de la corporation industrielle, un élément indestructible de la conscience des peuples. » Seulement, plus un sentiment est naturel, et plus son exploitation est odieuse. La responsabilité de la bourgeoisie française, devant l’Histoire et la Civilisation, sera lourde. Sa tactique a toujours été si déplorable, qu’elle est arrivée à compromettre aux yeux du peuple des sentiments aussi anciens, aussi vénérables, aussi naturels que le sentiment de la patrie, de la famille, et j’ajouterai de la religion et de la propriété, éléments indestructibles non seulement de la conscience des peuples, mais aussi de toute civilisation. La bourgeoisie a prostitué au pouvoir et par là gravement compromis ces forces essentiellement libres et sociales que sont la patrie, la famille, la religion et la propriété. Elle a acculé le peuple à cette tactique désespérée de l’antipatriotisme, de l’anticléricalisme, du malthusianisme et du communisme.

Il résulte de cette situation créée au prolétariat par une bourgeoisie cupide, veule et lâche, que nous, écrivains syndicalistes, tout ensemble passionnément attachés au maintien de l’indépendance nationale française et au développement autonome du syndicalisme