Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/20

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l’air à ses poumons. À toutes les époques de l’histoire, on a vu ces aristocraties oisives, absentéistes, courtisanesques, avec leur « domestique intellectuel », les gens de lettres et autres histrions de plume, chargés de chatouiller agréablement leurs sens et leur esprit, donner dans cet humanitarisme abstrait et ce cosmopolitisme pratique qui mènent rapidement un peuple à la mort. Mais une aristocratie véritable, une aristocratie fortement enracinée au sol et toute pénétrée de traditions guerrières, une aristocratie qui n’est pas seulement « un troupeau de gens riches », — et un peuple ayant conservé entières ses vertus ouvrières et ce profond attachement au métier qui est pour lui ce que la terre est pour une aristocratie véritable, voilà les forteresses du patriotisme et les défenseurs-nés de l’indépendance nationale. Une telle aristocratie et un tel peuple — par leur immersion même au plus profond de l’âme nationale et la vivacité fervente de leur sentiment du Droit, sentiment qu’on a toujours vu dans l’histoire lié étroitement au respect de la tradition et au culte de la propriété et de la famille — constituent la seule digue possible au régime de l’or, régime essentiellement niveleur, matérialiste et cosmopolite.

Ce qui rend la situation actuelle particulièrement grave et terrible, c’est que, malheureusement, la bourgeoisie semble avoir réussi à entraîner tant l’aristocratie que le peuple dans l’orbite de son ignoble positivisme : l’aristocratie française est profondément enjuivée et livrée à ce qui constitue l’essence et la quintessence du matérialisme bourgeois, au Juif agioteur et bancocrate ; et le peuple français ne l’est pas moins, puisque l’on a pu voir successivement le socialisme et le syndicalisme passer à Israël et se faire les défenseurs de cette idéologie nauséabonde et pes-