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Page:Caillot - Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris, 1809.djvu/219

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Sous ce monument qui offre le portrait d’une jeune personne, sculpté dans la pierre qui fait face à l’avenue, repose la dépouille de Caroline Rivière, décédée le 12 juin 1807, âgée de 14 ans.


Hélas ! pourquoi cette jeune vierge vint-elle s’asseoir au banquet de la vie pour ne s’y montrer qu’un instant, et jeter dans une douleur éternelle les tendres parens qui lui avoient donné le jour ? Sans doute cette courte apparition l’ayant empêchée de s’attacher au plaisir de l’existence, elle ne vit point s’approcher le fatal instant de sa dissolution avec cet effroi qui tourmente les ames qu’un long séjour attache à ce souffle toujours renaissant que l’on nomme la vie ; peut-être aussi un génie prévoyant et bon, ayant découvert dans le lointain de ses années ses chagrins, ses peines, ses douleurs, voulut-il j en l’arrêtant au commencement de sa carrière, lui épargner, avant son troisième lustre, les orages des passions et les tourmens d’un cœur sensible. Ce n’est donc point sa destinée qui doit exciter nos larmes et nos douleurs. Caroline, pure comme le premier rayon de l’aurore, pure comme l’ange qui