oiseau timide. On raconte que quand il est poursuivi par les faucons royaux et qu’il fuit devant eux à tire d’aile, un secret instinct lui désigne celui qui parmi eux lui donnera la mort, et qu’alors, en le voyant s’approcher, il frémit, il frissonne et tremble. De même moi, seigneur, en vous voyant, je suis saisie d’effroi et d’épouvante, parce que j’ai un secret pressentiment que c’est vous, vous, seigneur, qui me tuerez !
Ne vous abandonnez pas à ces craintes, madame.
Au nom du ciel ! laissez-moi.
Je suis venu pour vous parler. Cette occasion, souhaitée si longtemps, elle ne m’échappera pas par ma faute.
Et le ciel le souffrirait ! — Je vais crier.
Vous vous perdriez vous-même.
De grâce, éloignez-vous !
Ne me l’ordonnez pas, je vous en conjure, — doña Mencia !
Par pitié, don Henri !
Tiens l’étrier, Coquin, et frappe à cette porte.
Ô ciel ! grand Dieu ! — Mes pressentimens ne me trompaient pas ; la fin de mes jours est venue. Voilà don Gutierre !
Malheureux que je suis !
Hélas ! que deviendrai-je s’il vous trouve avec moi ?
Que faire ?
Cachez-vous.
Moi, me cacher !
C’est bien le moins que vous deviez à l’honneur d’une femme. — Vous ne pouvez plus sortir. Mes servantes, sans savoir ce qu’elles faisaient, ont ouvert et refermé la porte. Vous ne pouvez plus sortir maintenant.
Commandez, j’obéis.