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LE MÉDECIN DE SON HONNEUR.

don gutierre.

Moi, vous frapper ! — Au moment de visiter la maison j’ai tiré ce poignard de son fourreau.

doña mencia.

Quelle folle idée j’avais la !

don gutierre.

Oui, une idée bien folle, en effet.

doña mencia.

Je ne vous ai jamais offensé, n’est-il pas vrai ?

don gutierre.

Non, certes, jamais. — (À part.) Comme elle s’excuse mal a vec tout son esprit !

doña mencia.

C’était sans doute ma tristesse qui m’offrait ces noires images.

don gutierre.

Il faut la chasser au plus vite.

doña mencia.

Est-ce que vous partez, seigneur ?

don gutierre.

Je devrais être déjà loin.

doña mencia.

Reviendrez-vous bientôt ?

don gutierre.

Si je puis, ce soir.

doña mencia.

Que le ciel vous accompagne !

don gutierre.

Adieu, Mencia !

doña mencia, à part.

Les forces m’abandonnent !

don gutierre, à part.

Ô mon honneur ! mon honneur ! nous avons de quoi causer beaucoup tous deux seul à seul !


Scène III

La place du palais.
Entrent LE ROI et DON DIÈGUE ; ils sont enveloppés dans un manteau de couleur et ils tiennent une épée à la main.
le roi.

Tenez cette épée, don Diègue.

don diègue.

Vous rentrez bien tard, sire.

le roi.

J’ai couru toute la nuit à travers les rues de la ville. On parle beaucoup des incidens, des aventures qui se passent la nuit à Se-