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JOURNÉE III, SCÈNE VI.

coquin.

Hélas ! ce n’est jamais cette heure-là : la vie est si triste !

le roi.

Avant que le jour n’ait paru, marchons, don Diègue. Il m’est venu une idée. Nous entrerons, sous un prétexte quelconque, dans la maison de don Gutierre ; une fois là, j’examinerai à loisir les circonstances de cet incident, et après je prononcerai comme juge suprême.

don diègue.

Je ne puis qu’approuver votre majesté.

Ils marchent.
coquin.

Vous allez à la maison de don Gutierre, sire ? La voilà, c’est celle-ci.

le roi.

Celle-ci, dis-tu ?

coquin.

Oui, sire.

le roi.

Arrête, don Diègue, et regarde !

don diègue.

Qu’est-ce donc ?

le roi.

Ne vois-tu pas une main sanglante empreinte sur cette porte ?

don diègue.

Pardon, sire ; j’en suis surpris et effrayé.

le roi, à part.

Don Gutierre a été bien cruel de commettre une telle action !… Je ne sais que résoudre. Il s’est rigoureusement vengé !

Entrent DOÑA LÉONOR et INÈS.
doña léonor.

Rendons-nous sans délai à la messe avant que le jour ne paraisse. Je ne veux pas que l’on me voie à Séville, où les médisans prétendraient que j’oublie aisément mes peines. Dépêchons, Inès. — Mais j’aperçois du monde par là. Ciel ! le roi ! Que fait-il donc devant cette maison ?

inès.

Couvrez-vous de votre voile en passant.

le roi.

La précaution est inutile, madame ; je vous ai reconnue.

doña léonor.

Je voulais, sire, éviter vos regards de peur que ma présence ne vous fût importune.

le roi.

Vive Dieu ! madame, ce serait à moi à me cacher de vous, puis