Et si, de retour à ma maison, je surprends une lettre par laquelle on prie l’infant de ne pas s’éloigner !
Il y a remède à tout.
Est-il possible qu’il y en ait un à cela ?
Oui, Gutierre.
Lequel, sire ?
Le vôtre même.
Et quel est-il ?
La saignée !
Que dites-vous ?
Je dis que vous fassiez nettoyer la porte de votre maison, car on y voit empreinte une main ensanglantée.
Sire, ceux qui exercent un office public ont coutume de placer au-dessus de leur porte un écu à leurs armes. Mon office à moi, c’est l’honneur. Et c’est pourquoi j’ai mis au-dessus de ma porte ma main baignée dans le sang, parce que l’honneur, sire, ne se lave qu’avec du sang.
Donnez donc votre main à Léonor ; je sais qu’elle en est digne.
J’obéis. — Mais considérez bien qu’elle est tachée de sang, Léonor.
Peu m’importe, je n’en suis ni étonnée ni effrayée.
Considérez, Léonor, que j’ai été le médecin de mon honneur, et que je n’ai pas oublié ma science.
Avec elle vous guérirez ma vie, si elle devient mauvaise.
À cette condition, voilà ma main.
Ainsi finit le Médecin de son honneur. Pardonnez-en les nombreuses imperfections.