Les voici qui arrivent à nous.
Préparez-vous donc, et comportez-vous vaillamment ; car, vive Dieu ! si j’en vois un qui fuie ou qui recule, c’est lui d’abord que je tue, plutôt encore qu’un de nos ennemis.
J’ai aperçu caché dans la montagne le traître Eusebio ; mais il ne nous échappera pas ; il est perdu !
Nous l’apercevons d’ici derrière les arbres.
Les voilà.
Attendez, misérables, et bientôt la plaine ne sera qu’un ruisseau de votre sang. Marchons, vive Dieu !
Ces vilains, ces lâches sont en nombre infini.
Où te caches-tu, Eusebio ?
Je ne me cache pas, je vais à toi.
Scène II
J’arrive à peine, et j’entends déjà les cris affreux des combattans, le cliquetis des épées, et le bruit des armes à feu que répètent au loin les échos… Mais que vois-je !… toute la troupe d’Eusebio vaincue, mise en déroute, fuit devant l’ennemi. Allons les rassembler et les ramener au combat pour secourir Eusebio, et je serai ainsi l’étonnement du monde et des siècles futurs.
À peine, pour me tirer d’affaire, me suis-je enrôlé parmi les brigands, que me voilà par cela même en danger. Quand j’étais laboureur, nous étions les battus ; et aujourd’hui parce que je suis de la bande, c’est son tour. Il faut nécessairement que je porte le malheur avec moi, et c’est au point que si j’étais Juif, les Juifs eux-mêmes ne gagneraient pas d’argent[1].
- ↑ Nous avons traduit ce passage en précisant davantage la pensée :
Que a ser yo judio, fueran
Desgraciados los judios.