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JOURNÉE I, SCÈNE I.

rebolledo.

Halte ici, les amis ! il est juste d’attendre que le sergent apporte l’ordre, et que nous sachions si nous devons entrer par pelotons ou en corps.

premier soldat.

Voici le sergent qui arrive. Mais, lui aussi, il attend le capitaine


Entrent LE CAPITAINE et LE SERGENT.
le capitaine.

Seigneurs soldats, bonne nouvelle : nous restons ici, et nous y avons logement jusqu’à ce que don Lope arrive avec le reste de la troupe qui était à Llerena. Il y a ordre de la rassembler et de ne partir pour Guadalupe que lorsque tout le terce[1] sera réuni. Le colonel ne tardera pas à venir ; et ainsi nous pourrons nous reposer quelques jours de nos fatigues.

rebolledo.

Ma foi ! oui, capitaine, voilà une bonne nouvelle.

tous.

Vive le capitaine !

le capitaine.

Déjà les logemens sont désignés ; le commissaire distribuera les billets à mesure que l’on entrera.

l’étincelle, à part.

Il faut que je sache au plus tôt pourquoi Rebolledo chantait tout à l’heure,

Hôtesse, mettez-moi la poule au pot,
Car je ne puis souffrir le mouton.

Tout le monde sort, à l’exception du capitaine et du sergent.
le capitaine.

Seigneur sergent, avez-vous gardé mon billet à moi ?

le sergent.

Oui, mon seigneur.

le capitaine.

Et où suis-je logé ?

le sergent.

Dans la maison d’un laboureur qui est le plus riche de l’endroit, et qui, dit-on, est en même temps l’homme le plus orgueilleux du monde ; plus vain, plus fier que ne pourrait l’être un infant de Léon.

le capitaine.

En vérité, cette fierté sied bien à un vilain, — parce qu’il a des écus !

  1. Le terce (tercio) équivalait à un de nos régimens ; mais comme, à cette époque les armées étaient beaucoup moins considérables qu’on ne les a vues depuis cinquant ans, le terce avait, relativement, une bien autre importance.