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JOURNÉE I, SCÈNE II.

heureux d’y recevoir un cavalier aussi noble que vous le paraissez. (À part.) Quel air galant ! quelle bonne mine ! que j’aimerais l’habit militaire !

le capitaine.

Je suis charmé de faire connaissance avec vous.

juan.

Vous excuserez si la maison n’est pas plus belle ; mon père aurait bien voulu qu’elle fût aujourd’hui un palais. Il est allé vous chercher des provisions, avec le désir de vous traiter le mieux possible, et moi, je vais veiller à ce qu’on dispose votre appartement.

le capitaine.

Je suis fort sensible à tant de bonne volonté.

juan.

Je me mets à vos pieds.

Il sort


Entre LE SERGENT.
le capitaine.

Qu’y a-t-il, sergent ? Aurais-tu déjà vu la villageoise ?

le sergent.

Vive le Christ ! j’ai fouillé dans cette intention l’appartement et la cuisine, et je ne l’ai pas aperçue.

le capitaine.

Sans doute que ce vieux vilain la tient à l’écart.

le sergent.

Je me suis informé d’elle à une servante, et j’ai appris que son père la tenait dans l’appartement au-dessus, et qu’il lui était défendu de descendre… Le rustre est fort soupçonneux.

le capitaine.

Tous ces rustres sont les mêmes. À quoi cela l’avancera-t-il, celui-ci, avec moi ? Si j’avais vu sa fille en toute liberté, je n’en aurais fait aucun cas ; mais seulement parce que le vieux a voulu me le cacher, vive Dieu ! je brûle de pénétrer où elle est.

le sergent.

Alors comment nous y prendre, monseigneur ? Par quel moyen arriver jusqu’à elle sans exciter de soupçons ?

le capitaine.

Je ne veux pas en avoir le démenti… il nous faut trouver une ruse.

le sergent.

Il n’est pas besoin de se tourmenter la tête avec des gens de cette espèce ; la première ruse venue sera toujours assez bonne pour eux.

le capitaine.

Il me vient une idée… écoute.

le sergent.

Qu’est-ce ? parlez.