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JOURNÉE II, SCÈNE II.

seigneur, au pis aller, c’est nous qu’on accusera. Il vous est facile de ne pas vous compromettre. Vous n’avez qu’à venir déguisé parmi les chanteurs.

le capitaine.

Il y aurait beaucoup à dire à cela ; mais la passion l’emporte. Ainsi, tenez-vous tous prêts pour ce soir. Seulement, que je ne sois pas censé en avoir donné l’ordre. — Ah ! Isabelle, que de soucis tu me causes !

Le capitaine et le sergent sortent.


Entre L’ÉTINCELLE.
l’étincelle.

Un moment, s’il te plaît.

rebolledo.

Qu’est-ce donc ?

l’étincelle.

C’est un pauvre diable à qui je viens de faire une égratignure au visage.

rebolledo.

Et quel a été le motif de la querelle ?

l’étincelle.

II a voulu me tricher, me soutenant pendant deux heures qu’il avait fait un coup que j’avais bien vu qu’il n’avait pas fait. À la fin je me suis fâchée, et je lui ai parlé avec ceci. (Elle montre un poignard.) Mais pendant qu’on le panse chez le barbier, allons au corps de garde, et là, je te raconterai l’affaire.

rebolledo.

J’aime à te voir bien disposée lorsque je suis en train.

l’étincelle.

Tant mieux !… Voici mes castagnettes ; que veux-tu que je chante ?

rebolledo.

Ce sera pour ce soir, et la musique doit être complète. Mais ne nous arrêtons pas davantage ; allons au corps de garde.

l’étincelle.

Je veux qu’on se souvienne de moi dans le monde et que l’on parle long-temps de l’Étincelle.

Ils sortent.

Scène II.

Le jardin de Pedro Crespo.
Entrent DON LOPE et PEDRO CRESPO
crespo.

Mettez ici la table du seigneur don Lope. Cet endroit-ci sera plus frais. (À don Lope.) Vous souperez là de meilleur appétit, sei-