sens de celui qui me parle. Hier vous me parliez vous-même comme vous dites ; la réponse devait être à l’unisson de la demande. J’ai pour politique de jurer avec celui qui jure, de prier avec celui qui prie ; je m’accommode à tout. Et c’est au point que je n’ai pu fermer l’œil de toute la nuit, parce que je pensais à votre jambe ; et même ce matin je me suis trouvé avec des douleurs aux deux jambes ; car, comme j’étais embarrassé de savoir de laquelle vous souffriez, si de la droite, si de la gauche, pour ne pas commettre d’erreur j’ai eu mal à toutes deux. Veuillez donc me dire, seigneur, je vous prie, de quelle jambe vous souffrez, afin qu’à l’avenir je n’en sente plus qu’une seule.
N’ai-je pas bien le droit de me plaindre, si depuis trente ans que j’ai fait en Flandre ma première campagne, constamment exposé aux frimas de l’hiver et à l’ardeur de l’été, je n’ai jamais eu de repos et n’ai jamais passé un moment sans souffrir ?
Le ciel vous donne de la patience, seigneur !
Ce n’est pas là ce que je demande.
Eh bien ! qu’il ne vous en donne pas.
Je m’en moque ! Tout ce que je souhaite, c’est que mille démons emportent la patience et moi avec.
Amen ! et s’ils n’accomplissent pas ce souhait, c’est qu’ils ne font jamais rien de bon.
Jésus ! Jésus !
Qu’il soit avec vous et avec moi !
Vive le Christ ! je n’y tiens plus.
Vive le Christ ! j’en suis fâché.
Seigneur, voici la table.
Pourquoi mes gens ne viennent-ils pas me servir ?
C’est moi, seigneur, qui, sans votre permission, leur ai dit de ne pas venir, et de ne faire dans ma maison aucune disposition pour votre service. Car j’espère, grâces à Dieu, que vous n’y manquerez de rien.