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L’ALCADE DE ZALAMÉA.

le capitaine, rendant son épée.

Traitez-moi avec respect.

crespo, avec ironie.

Oh ! pour cela, c’est trop juste. (Aux laboureurs.) Conduisez-le, avec respect, à la prison ; mettez-lui, avec respect, les fers aux pieds et une chaîne au cou, et veillez, également avec respect, à ce qu’il ne puisse parler à aucun de ses soldats. Mettez aussi au cachot ceux qui l’ont assiste, parce que bientôt il faudra prendre, avec tout le respect possible, leurs déclarations. (Au capitaine.) Et, ceci entre nous, si je trouve des charges suffisantes, je jure Dieu qu’avec toute sorte de respect je vous ferai pendre.

le capitaine.

Ce que c’est que les vilains quand ils ont le pouvoir !

Les laboureurs emmènent le capitaine.


LE GREFFIER rentre, amenant REBOLLEDO et L’ÉTINCELLE, qui est en habits de page.
le greffier.

Ce page et ce soldat sont les seuls que l’on ait pu arrêter ; l’autre s’est sauvé.

crespo.

Celui-ci est le drôle qui chante ; quand on lui aura passé un nœud coulant autour du gosier il ne chantera plus.

rebolledo.

Mais, seigneur, quel mal y a-t-il à chanter ?

crespo.

Aucun, j’en conviens, et j’ai un instrument qui te fera chanter encore mieux. Déclare la vérité.

rebolledo.

Et sur quoi ?

crespo.

Que s’est-il passé cette nuit ?

rebolledo.

Votre fille le sait mieux que moi.

crespo.

Déclare, ou tu vas mourir.

l’étincelle.

Courage, Rebolledo, nie tout hardiment ; et si tu tiens bon, je chanterai en ton honneur un joli couplet.

crespo.

Et qui chantera un couplet pour vous ?

l’étincelle.

À moi on ne peut pas me donner la torture.

crespo.

Et pourquoi ? je serais curieux de le savoir.

l’étincelle.

C’est l’usage… la loi le défend.