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JOURNÉE I, SCÈNE I.

depuis l’époque où nous nous sommes liés en Flandre !… Dites-moi seulement quel est ce cavalier qui a compromis à ce point la vie et l’honneur de mon ami.

félix.

Monseigneur, il se nomme don César des Ursins, celui qui a tué un homme et enlevé Flerida. Nous ne pouvons pas douter que ce ne soit lui, parce que c’est la beauté de ma maîtresse qui a été cause du défi, et que ce cavalier et ma maîtresse ont disparu le même jour. Je le connais de vue. Si vous désirez que je m’emploie à le chercher, veuillez m’autoriser, en votre qualité de gouverneur, à visiter les hôtelleries de la ville. J’ai des renseignemens qui me permettent de croire qu’il doit être caché ici.

le gouverneur.

Moi-même en personne je le chercherai avec vous. — Quels sont les renseignemens que vous avez ?

félix.

Ce matin, en arrivant à mon logis, j’ai vu passer un de ses domestiques ; cela m’a donné l’idée que don César était ici, parce que ce domestique est parti avec lui.

le gouverneur.

L’avez-vous suivi ?

félix.

Non, seigneur, il me connaît trop ; mais j’ai chargé un camarade de le suivre et de m’aviser de l’endroit où il le laisserait.

le gouverneur.

Bien. Allez, et sachez me dire tout ce qu’aura vu cet homme qui a suivi ce domestique. Lorsque j’aurai quelque donnée à cet égard, j’irai l’arrêter. Nous avons besoin de ménagemens. Il ne convient pas, pour le succès même de notre dessein, que j’aille mettre toute la ville sens dessus dessous avant d’avoir de plus amples instructions ; cela ne servirait qu’à l’avertir que nous sommes à sa recherche, et il se tiendrait davantage sur ses gardes.

félix.

Ce sont des précautions pleines de prudence… Quand je saurai ce que vous voulez, seigneur, je reviendrai vous voir.

Il sort.
le gouverneur.

Ah ! honneur, honneur d’un père, à quels dangers une fille légère t’expose !


Entrent LISARDA et CELIA.
lisarda.

Seigneur ?

le gouverneur.

Où allez-vous, ma fille ?

lisarda.

Je venais vous voir et savoir en quoi ma tendresse et mon res-