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MAISON À DEUX PORTES.

bien du courage pour venir ; si ma maîtresse le savait, elle me tuerait assurément.

don félix.

Elle est donc bien irritée contre moi ?

celia.

Impossible qu’une femme le soit davantage contre un homme. — Comme elle m’a envoyée par ici en commission, je n’ai pu m’empêcher d’entrer pour vous voir et vous parler un moment.

don félix.

Et que fait ta belle maîtresse ?

celia.

Hélas ! du matin au soir et du soir au matin elle ne fait que se plaindre de votre ingratitude, de votre perfidie.

don félix.

Que Dieu m’abandonne si je l’ai jamais offensée !

celia.

Que ne vous expliquez-vous avec elle ?

don félix.

Elle refuse de m’écouter.

celia.

Si vous étiez un homme discret et si vous me promettiez de vous taire, je me risquerais à vous conduire en un lieu où vous la trouveriez.

don félix.

Ah ! Celia, je serai muet comme un marbre, et rien n’égalera ma reconnaissance.

celia.

Eh bien ! suivez-moi. Si mon maître sort, je vous ferai signe et laisserai la porte ouverte. Vous entrerez vite, et je vous introduirai chez elle.

don félix.

Tu me rends la vie, Celia.

celia.

Voici l’heure favorable. Ne tardons plus, suivez-moi.

don félix.

Partons, j’ai hâte d’arriver.

celia, à part.

Ah ! le pauvre innocent !… Et comme il est aisé de conduire un amant chez sa dame !

Don Félix et Céli sortent.
marcela.

Je respire enfin, Celia. Je l’ai échappé belle.

silvia.

Vous ne l’avez pas échappé encore, madame. Ces messieurs se retrouveront et l’histoire s’achèvera.