J’ai voulu seulement vous dire, Laura, que j’attends dans la rue qu’il soit l’heure de vous parler, pour qu’après vous ne me disiez pas que je viens d’une autre maison lorsque je viens vous voir. Ainsi je retourne à mon poste.
Oui, retournez-y, et au plus tôt. Quand mon père sera rentré et retiré dans son appartement, nous pourrons causer à notre aise. Je suis troublée… Je crois qu’il soupçonne notre amour… Tous ces jours-ci il n’a fait qu’aller et venir, et même tout-à-l’heure il a pris la clef de cette porte. (À part.) Il fallait bien mentir pour assurer la sortie de ce cavalier qui est là.
Afin de dissiper vos craintes, je m’en vais. — Je serai dans la rue.
Holà ! qu’on m’éclaire !
Ciel ! voici mon père !
Oui, madame, c’est lui !
Eh bien ! Laura ?
Quand je vous le disais !
Puisque votre père a pris la clef de cette porte, je n’ai plus par où sortir. Ainsi je vais me cacher dans cette pièce.
Non ! n’entrez pas par là, don Félix.
Pourquoi ?
Parce que mon père passe toujours une partie de la nuit à écrire dans cette chambre.
Vive Dieu ! cela n’est pas. Vous avez un autre motif pour m’empêcher d’entrer ; et ce motif, je le sais. J’ai vu là, là-dedans, en entr’ouvrant la porte, à travers l’obscurité, — un homme !
Vous vous trompez, don Félix.
J’en suis certain, madame ; il y a là un homme et cet homme, je veux le voir.