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JOURNÉE II, SCÈNE II.

lisardo, à Calabazas.

Va voir si don Félix est de retour.

calabazas.

Don Félix ? non ; mais voici la dame mystérieuse.

lisardo.

Que dis-tu ?

calabazas.

La dame-revenant.

lisardo.

Où est-elle ?

marcela.

Me voici.

lisardo.

Quoi, madame !…

marcela.

Il me semble, seigneur cavalier, qu’il n’est pas galant à vous de partir ainsi d’Ocaña sans prendre congé d’une femme qui vous aime.

lisardo.

Comment ! vous avez déjà appris mon départ ?

marcela.

Une mauvaise nouvelle court et vole.

calabazas, à part

Vive Dieu ! elle a commerce avec le diable. C’est peut-être Catalina d’Acosta qui va cherchant sa statue[1] ?

marcela.

Enfin, vous partez ?

lisardo.

Oui, je pars, je vous fuis.

marcela, à part.

Que lui dirai-je ? (Haut.) Je présume de là que vous savez maintenant qui je suis. Si c’est à cause de cela que vous vous éloigner, que Dieu vous accompagne ! mais vous devez savoir aussi maintenant qu’il ne m’était pas possible d’agir autrement que j’ai agi.

lisardo.

Je ne vous comprends pas, madame. Je ne sais de vous, c’est la vérité pure, que ce que vous m’en avez appris vous-même, et c’est pour cela que je m’en vais ; c’est votre manque de confiance qui me chasse.

  1. Si es Catalina de Acosta
    Que anda buscando su estatua ?

    Il devait y atoir en Espagne quelque légende populaire bien terrible sur cette Catalina d’Acosta, qui sans doute avait fait un pacte avec le diable ; nous regrettons de ne savoir sur elle que ce que Calderon nous en apprend. Cette tradition serait, selon nous, de la fin du seizième siècle ou du commencement du dix-septièmee. Nous oserions affirmer qu’il n’est point parlé de Catalina d’Acosta dans aucun des recueils de romances espagnoles (romanceros) publiés vers le milieu du seizième.