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MAISON À DEUX PORTES.

calabazas.

Oui, je sais qui elle est.

lisardo.

Eh bien ! vive Dieu ! parle.

calabazas.

D’abord, c’est une femme qui aime à se promener dans la campagne le matin. Puis c’est une femme qui aime que les hommes aillent la trouver chez elle. Puis c’est une femme qui aime à aller trouver les hommes chez eux… Et ensuite, au total, sur mon âme, je sais très-bien qui elle est.

lisardo.

Dis-le donc enfin.

calabazas.

Entre nous, au moins ?

lisardo.

Soit ! mais dis !

calabazas.

C’est…

lisardo.

Eh bien ?

calabazas.

Une donzelle[1] !

lisardo.

Imbécile !


Entre SILVIA.
calabazas.

D’où donc est tombée cette femme ?

silvia.

Seigneur Lisardo, j’aurais un mot à vous dire.

lisardo.

Que me voulez-vous ?

silvia, bas, à Lisardo.

Une dame dont vous connaissez la maison vous prie que vous alliez ce soir chez elle. Vous frapperez trois coups à la fenêtre. N’y manquez pas. Adieu.

Elle sort.
calabazas.

Holà ! mystérieuse suivante d’une belle mystérieuse, un moment ! écoutez !

lisardo.

Arrête ! Où vas-tu ?

calabazas.

Laissez. Je veux seulement lui donner deux ou trois soufflets pour qu’elle les porte à sa maîtresse.

  1. Es alguna dueña. Dueña ou duègne s’emploie habituellement pour désigner une gouvernante ou une veille fille : mais quelquefois aussi ce mot signifie une femme de mauvaise vie ; ce que les Latins appelaient meretrix.