Il faut que je sois bien peu appétissante, puisque personne ne veut de moi.
Ô ciel ! personne ne vient donc au secours d’une femme infortunée !
C’est une femme sans protection qui appelle du secours. Descends de cheval, Tristan.
Je ne demande pas mieux, si l’animal veut le permettre.
Qu’attends-tu, Libio ? Emporte-la à la maison de campagne.
Eh quoi ! personne ne vient défendre une femme infortunée ?
Si fait, madame ; votre seul titre de femme suffirait, et celui d’infortunée y ajoute une nouvelle force.
Cavalier, si vous ne voulez pas qu’on vous y invite d’une façon peu agréable, retournez-vous-en là d’où vous venez.
Alors même que je le voudrais, je ne le pourrais pas.
Eh bien ! un pas de plus, et cette arme que je tiens vous aura bientôt envoyé une balle dans le cœur.
Et pour comble de malheur, voilà nos chevaux qui partent en même temps !
Puisque j’ai tant fait que d’intervenir, je ne reculerai pas par la crainte ; tirez, et ne me manquez pas.
Et moi je vous prie, au contraire, de me manquer.
Votre arrogance aura le châtiment qu’elle mérite. (Il tire ; le pistolet fait long feu.) Le diable soit de cette arme !
Ce n’est pas merveille qu’elle ait raté ; mes chevaux sont bien partis[1] !
- ↑ La plaisanterie en espagnol, portent sur les divers sens du verbe faltar, manquer, faire faute, être de moins.