Page:Cambry - Description du département de l’Oise - Tome 1.djvu/97

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il fut, par son intercession, miraculeusement transporté pendant la nuit de Madrid dans un champ voisin du Hamel. Un berger, surpris de voir ses moutons danser gaiement autour d’un homme à longue barbe, fort mal vêtu, chargé de chaînes, s’approche et le salue : Créquy l’interroge ; il apprend qu’il est sur les terres voisines de son château, où sa femme, qui le chérissoit, forcée par ses parents, qui le croyoient mort, de contracter une nouvelle alliance, devoit se marier le même jour. Avant d’entrer chez lui Créquy se prosterne aux pieds de la Vierge sa bienfaitrice, et dépose sur les marches de l’autel les chaînes dont le berger l’aida sans doute à se débarrasser. Il se rend au château : on refuse de le laisser parler à madame de Créquy ; il est enfin reçu en faisant présenter à sa femme un anneau sur lequel étoit gravé son portrait et celui de l’épouse qu’il adoroit ; sa barbe, ses cheveux hérissés, ses vêtements, le faisoient encore méconnoître ; il est forcé de lui parler d’une marque qu’elle avoit sur le corps et que seul il pouvoit connoître. On devine les transports des deux époux qui n’avoient jamais cessé de s’aimer. Créquy prend les habits d’un chevalier français ; il se rend à la cour, reproche au roi de l’avoir oublié dans les prisons de Madrid : ce prince s’excuse en lui proposant pour récompense ce qu’il voudroit lui demander : Je ne veux, lui dit Créquy, qu’ajouter une fleur de