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de la Société de géographie rejeta mon projet, comme n’étant pas réalisable avec la somme dont il pouvait disposer.

Les choses en étaient là, quand il fut décidé que le reste des fonds souscrits pour la recherche de Livingstone serait employé à l’équipement d’une troisième expédition, qui, placée sous les ordres du grand explorateur, compléteraient les découvertes que celui-ci poursuivait depuis bientôt sept ans, découvertes que précédaient vingt années de dévouement à la cause africaine, et dont la mort de l’illustre Écossais — malheur national — devait seule arrêter le cours.

Cette fois, j’eus le bonheur d’obtenir le commandement de l’entreprise et de voir le Dr Dillon, chirurgien de marine, l’un de mes plus anciens et de mes plus chers amis, autorisé à m’accompagner dans ce voyage, pour lequel il résigna ses fonctions. Il convenait admirablement à cette tâche ; et si j’avais pu le conserver jusqu’à la fin, j’aurais eu en lui, dans les jours d’épreuve, un soutien et un aide d’une valeur inestimable. Le tact parfait, la douce bonté qu’il mit constamment dans ses rapports avec la caravane, furent pour moi du plus grand secours dans le trajet de la côte à l’Ounyanyemmbé. Je ne saurais assez honorer sa mémoire, lui payer un tribut suffisant d’estime et de gratitude.

Le 30 novembre 1872, le jour même où MM. Grandy s’embarquaient à Liverpool, avec l’intention de pénétrer en Afrique par la côte occidentale, Dillon et moi, nous partions pour Brindisi, espérant trouver passage sur l’Enchantress, qui devait conduire sir Bartle Frere à Zanzibar. Le défaut de place ne permit pas à l’Enchantress de nous recevoir. Nous y perdîmes les leçons d’arabe et de kisouahili que nous avait promises le révérend Percy Badger, secrétaire de la légation.

Restés à Brindisi jusqu’à l’arrivée de sir Bartle Frere, nous nous embarquâmes sur le Malta, vapeur de la compagnie anglaise péninsulaire-orientale[1], qui nous déposa à Alexandrie.

Au Caire, où nous nous rendîmes avec lui, sir Bartle nous procura une lettre du khédive pour tous les fonctionnaires égyptiens du Soudan, à qui elle ordonnait de nous prêter assistance et de nous seconder de tous leurs efforts. Bien que nous n’ayons vu aucun des personnages à qui il était adressé, ce firman ne nous fut pas inutile ; il nous servit auprès des Arabes de l’inté-

  1. Peninsula and Oriental Steamer.