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— III —

d’Alilat, c’est, cette fois, une opale étrange et maléfique. Mais elle s’est purifiée au feu de l’abîme où la jeta le jeune Sparyanthis ; et comme, après des siècles de légende, tu l’as ressuscitée à la clarté de ton coloris, elle ne sera pas vénéneuse aux doigts de notre hôte, ni à ceux des amateurs qu’il convie à en admirer l’orient. Le poison s’est évaporé, la pierrerie seule demeure, sertie dans un filigrane de phrases qu’elle éclipse, et que j’eusse voulu digne d’un feu aussi pur. Mais tous ceux qui, depuis si longtemps, ont appris en cette maison à t’admirer et à s’émouvoir de tes trouvailles me diront, mon cher ami, qu’il n’était donné à personne d’égaler un joaillier pareil, et qu’il me devra suffire d’avoir été le docile ouvrier qui, dans un coin de l’atelier, rive et ajuste la monture au bijou choisi par le maître. Ainsi couvert, à l’ombre même de l’opinion qu’ils se firent de toi et forçant leur indulgence, je pourrai goûter sans remords le plaisir et la fierté de t’avoir été, une fois de plus, un cordial compagnon sur la route infinie des rêves.

Camille Mauclair.