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du frère que tu n’avais pas revu. Mais est-ce bien elle que tu rêvas ? »

À l’instant, une obscure intuition étreignit le cœur de Sparyanthis, une ombre passa sur son esprit, et il sentit pour la première fois la nécessité de mentir à son frère Cimmérion, sans la comprendre encore.

« Ce n’était pas elle, ô mon frère, dit-il en riant, mais sans doute quelque fantôme issu de mon imagination prompte à la volupté ! »

À ces mots, il regarda froidement l’inconnue, mais il lut dans ses yeux un démenti si singulier, si violent, si impressionnant, il se sentit pénétré dans le cœur même de son mensonge avec une telle acuité, qu’il ressentit presque de la haine, cependant que Cimmérion, incapable d’interpréter cet échange de regards, disait :

« Le sort de la guerre m’a donné cette Alilat, princesse de race royale, et sa beauté m’a ému. Je ne l’amène pas ici en captive, mais elle sera ta sœur, ô Sparyanthis, si ce qui m’est cher t’est cher. En elle réside l’espérance de ma race, et si je meurs, qu’avec toi elle soit maitresse de l’Étésie.

— Que cela soit, ô Cimmérion ! » dit Sparyanthis. Et il se jeta dans les bras de son aîné et l’embrassa sur l’épaule et sur le front selon le rite du serment de fidélité, pour cacher le trouble étrange qui l’envahis-