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LES BELLINI.

l’influence décisive exercée sur son art par Gentile et par Pisanello. Il existe notamment, dans le recueil du Louvre, plusieurs projets de Nativité et d’Adoration des Mages qui s’inspirent directement du chef-d’œuvre de l’Académie de Florence et de sa prédelle ; par contre, un Saint Eustache, plusieurs Saint Georges et de nombreux dessins d’animaux rappellent la manière du maître véronais[1].

En 1428, le peintre se maria avec une jeune fille originaire de Pesaro. Il se fixa, sans doute, à Venise où il rencontra vraisemblablement, vers cette époque, le Florentin Uccello. Mais ce n’était déjà plus un élève et il devait jouir d’une certaine réputation en dehors même de sa ville natale, puisque, en 1436, nous le retrouvons à Vérone où l’avait appelé l’évêque Guido Memmo.

Il ne nous reste malheureusement, de la Crucifixion de Vérone, qu’une mauvaise gravure faite d’après une copie. Cette précieuse fresque fut impitoyablement détruite, en 1759, par le vandalisme ignorant d’un doyen de la cathédrale. C’est à cette même période que remonte, sans doute, l’une des trois œuvres signées qui soient parvenues jusqu’à nous, le Crucifix du palais épiscopal de Vérone, actuellement au Museo Civico de cette ville.

  1. Si Jacopo n’a pas suivi Gentile à Florence, en 1420, il faut que ce dernier soit arrivé à Venise avant 1415, car cinq ans de contact, entre le maître et l’élève, n’eussent pas suffi à laisser une empreinte aussi profonde.

    Quoi qu’il en soit, un trait du moins de l’anecdote florentine semble authentique. Jacopo dut éprouver, vers cette époque, des embarras d’argent. C’est ce dont témoigne le testament de son père, daté de 1424, dans lequel il est fait mention d’une dette contractée par « filius meus, Jacobus pictor » et dont le remboursement n’a pas encore été effectué.