Page:Campan - Journal anecdotique de Mme Campan.djvu/10

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à Écouen, et qu’elle aimait tendrement, habitait cette ville depuis trois ans ; cette circonstance contribua beaucoup à lui faire préférer ce séjour à tout autre, et je lui en sus bien bon gré. Ce fut vers les premiers jours d’avril 1816 qu’elle vint se placer au milieu de nous.

Depuis ce moment jusqu’à celui où elle nous a été enlevée, j’avais le bonheur de la voir deux fois par jour, et c’était toujours avec un nouveau regret que je la quittais, tant sa conversation avait d’agrément et de variété. Madame la maréchale de Beauvau disait de madame Campan : « Personne n’a jamais mieux tué le temps que cette femme-là. »

À son arrivée à Mantes, madame Campan mangeait à peine ; des tintemens et des bourdonnemens d’oreilles suivaient tous ses repas ; cet état, qui lui enlevait la faculté de penser et d’agir, durait quelquefois plusieurs heures : elle appelait cela son cauchemar : « C’est mon ennemi, disait-elle, il me tuera en prenant pour second l’apoplexie. »

Lorsque ces crises, qui se renouvelaient quatre et cinq fois par mois, avaient lieu la