Page:Campan - Journal anecdotique de Mme Campan.djvu/118

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Je cherchais à soutenir le courage de madame Campan, le mien m’abandonnait, l’oppression était si forte, qu’il fallait qu’elle employât le peu de forces qui lui restaient pour causer encore avec nous, malgré mes observations pour l’engager à garder le silence ; elle ne faisait que suspendre un moment, puis recommençait. « J’ai besoin, me disait-elle, malgré mon état, d’exprimer mes pensées. » Son esprit n’avait rien perdu de sa force ; je m’étais un peu éloigné de son lit ; elle m’appela d’un son de voix plus élevé que de coutume, j’accourus ; se reprochant alors cette espèce de vivacité : comme on est impérieux, dit-elle, quand on n’a plus le temps d’être poli ! »

Elle lisait sur nos visages, malgré nos efforts et notre contrainte, que sa position était désespérée ; sa poitrine s’embarrassa de plus en plus, et, vers six heures du soir, nous reçumes son dernier soupir.

Son excellente soeur, madame Pannelier, était au milieu de nous.



fin du journal anecdotique.