Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

alors d’un ministère à lui donner. On en eut connaissance, et ce doit être vers ce temps que l’Assemblée décréta qu’aucun député ne pourrait remplir les fonctions de ministre du roi, que deux ans après que ses fonctions législatives auraient été terminées. Je sais que la reine fut très-affligée de cette décision, et la regarda comme un moyen puissant qui était enlevé à la cour.

L’habitation du palais des Tuileries, très-désagréable en été, fit désirer à la reine d’aller à Saint-Cloud. Ce voyage fut décidé sans éprouver d’opposition : la garde nationale de Paris y suivit la cour : à cette époque, on présenta de nouveaux projets d’évasion ; rien n’était plus facile alors que de les exécuter. Le roi avait obtenu de sortir sans gardes, et de n’être accompagné que par un aide-de-camp de M. de La Fayette. La reine en avait de même un de service auprès d’elle, ainsi que M. le dauphin. Le roi et la reine sortaient souvent à quatre heures après-midi, et ne rentraient qu’à huit ou neuf heures du soir.

Voici un projet de départ que la reine me communiqua, et dont l’exécution paraissait infaillible. La famille royale devait se rendre dans un bois à quatre lieues de distance de Saint-Cloud ; des personnes bien dévouées eussent accompagné le roi, qui, d’ailleurs, était toujours suivi de ses écuyers et de ses pages ; la reine l’eût rejoint avec sa fille et madame Élisabeth : ces princesses avaient, de même que la reine, des écuyers et des pages dont