Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/122

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que j’ai eu occasion de voir, il était totalement impossible de les éclairer et de les faire sortir de leur enchantement ; ils aimaient autant le roi que la constitution, et la constitution autant que le roi ; et l’on ne pouvait plus, dans leur esprit et dans leur cœur, séparer l’un de l’autre[1].

  1. Aux détails que renferment les Mémoires de Ferrières, sur la fédération, je joindrai ceux qu’on va lire. Ils peignent, d’une part, l’enthousiasme que cette fête excitait même chez les Anglais, et caractérisent de l’autre la gaieté par trop licencieuse de leur théâtre.

    « Deux députés nantais, envoyés en Angleterre pour resserrer les nœuds fraternels qui unissent le club de la révolution de Londres avec tous les amis de la constitution française, écrivirent la lettre suivante :

    « D’après tout ce que nous avons vu et su, nous pouvons vous assurer que le peuple de Londres est, pour le moins, aussi enthousiaste de la révolution française que le peuple de France. Nous fûmes voir, hier, l’opéra de la Confédération des Français au Champ-de-Mars. Depuis six semaines, on joue cette pièce tous les jours. La salle est pleine à cinq heures, quoique l’on ne commence qu’à sept. Il n’y avait plus de place lorsque nous arrivâmes ; mais, aussitôt qu’on nous entendit parler français, on s’empressa de nous placer sur le devant des loges, sans nous connaître ; on eut pour nous toutes les attentions possibles, on nous força d’accepter des rafraîchissemens.

    » Le premier acte de cet opéra présente l’arrivée de plusieurs personnes à Paris pour la fédération.

    » Le second, les travaux du Champ-de-Mars.

    » Le troisième, la Confédération même.

    » Dans le second acte, on voit des capucins en bonnets de grenadiers, des filles qui caressent des abbés, le roi qui vient