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confiance du roi et de la reine : heureusement que ma conduite me préservait auprès d’eux des dangers de la calomnie. J’avais quitté Saint-Cloud depuis deux jours, lorsque je reçus, à Paris, un billet de la reine, qui contenait ces mots : « Venez de suite à Saint-Cloud, j’ai à vous communiquer quelque chose qui vous intéresse. » Je partis à l’instant. Sa Majesté me dit qu’elle avait un sacrifice à me demander : je lui répondis qu’il était fait. Elle me dit qu’il s’agissait de renoncer à la société d’un ami ; que cela était pénible, mais qu’il le fallait essentiellement pour moi ; que pour elle, peut-être lui aurait-il convenu qu’un député, homme d’esprit, fût reçu habituellement chez moi, ce qui pouvait lui être fort utile ; mais qu’elle ne pensait en ce moment qu’à mes propres intérêts. La reine m’apprit alors que les dames du palais, la veille au soir, l’avaient assurée que M. de Beaumetz, député de la noblesse d’Artois, qui s’était rangé du côté gauche de l’Assemblée, passait sa vie chez moi. Voyant sur quelles fausses bases on avait voulu me rendre un mauvais service, je répondis respectueusement, mais en souriant, qu’il m’était impossible de faire à Sa Majesté le sacrifice qu’elle exigeait de moi ; que M. de Beaumetz, homme de beaucoup d’esprit, n’avait pas pris la résolution de se ranger au côté gauche de l’Assemblée pour venir se dépopulariser, en passant son temps chez la première femme de la reine, et que depuis le 1er octobre 1789, je ne l’avais aperçu qu’au spec-