Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/193

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Quoiqu’on ne mangeât d’autre pâtisserie que celle que j’avais apportée, on observait de même de paraître avoir mangé de celle qui était servie sur la table. La dame qui me remplaça trouva ce service secret organisé et l’exécuta de même ; jamais on ne sut dans le public ces détails, ni les craintes qui y avaient donné lieu. Au bout de trois ou quatre mois, les avis de la même police furent que l’on n’avait plus à redouter ce genre de complot contre les jours du roi ; que le plan était entièrement changé ; que les coups que l’on voulait porter seraient autant dirigés contre le trône que contre la personne du souverain[1].

D’autres que moi ont su que, dans ce temps-là, une des choses que la reine désirait le plus de savoir, était l’opinion du célèbre Pitt. Quelquefois, elle me disait : « Je ne prononce pas le nom de Pitt, que la petite mort ne me passe sur le dos. (Je répète ici ses propres expressions.) Cet homme est l’ennemi mortel de la France ; il prend une cruelle revanche de l’impolitique appui que le cabinet de Versailles a donné aux insurgés américains. Il veut, par notre destruction, garantir à jamais la

  1. Les détails dans lesquels madame Campan vient d’entrer, donnent du prix aux différens renseignemens qu’elle avait eu soin de rassembler sur l’administration de la maison de la reine, sur le service de la table, les dépenses de bouche, etc. etc. On trouvera ces renseignemens dans les pièces [****].
    (Note de l’édit.)