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La garde nationale qui remplaça celle du roi s’étant emparée des portes des Tuileries, tout ce qui

    inspire donne un grand prix aux dernières circonstances de sa vie. La Biographie de Bruxelles les raconte en ces mots :

    « Lorsqu’après la révolution du 10 août 1792, l’armoire de fer du château des Tuileries eut été découverte et forcée, un grand nombre de pièces qu’on y avait imprudemment conservées, et qui furent communiquées à la Convention par Gohier qui venait de remplacer Danton au ministère de la justice, donnèrent la preuve que la cour avait établi et entretenu, pendant les derniers mois de la session de l’Assemblée constituante, et depuis la réunion de l’Assemblée législative, des relations constantes avec les membres les plus influens de ces Assemblées. Décrété d’accusation, le 15 août 1792, avec MM. Alexandre de Lameth, ex-membre de l’Assemblée constituante, Bertrand de Molleville, Duport du Tertre, Duportail, Montmorin et Tarbé, ex-ministres de la marine, de la justice, de la guerre, des affaires étrangères et des contributions publiques, Barnave fut arrêté à Grenoble et enfermé dans les prisons de cette ville. Il y demeura quinze mois, et ses amis concevaient l’espérance de l’y voir oublié, lorsque l’ordre arriva de le faire conduire à Paris. D’abord prisonnier à l’Abbaye, il fut transféré, peu de jours après, à la Conciergerie, et traduit presque aussitôt devant le tribunal révolutionnaire. Il s’y présenta avec une fermeté admirable, rappela, avec son éloquence accoutumée et sans rien perdre de la dignité du malheur, les services qu’il avait rendus à la liberté, et produisit une telle impression sur le nombreux auditoire qui assistait aux débats, que cette multitude, accoutumée à ne voir que des conspirateurs dignes de mort dans tous ceux qui comparaissaient devant le tribunal, regardait elle-même son absolution comme assurée. Un silence profond accompagna la lecture de l’arrêt de mort ; mais la fermeté de Barnave fut inébranlable. Lorsqu’il sortit de