Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/214

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rien d’aussi dégoûtant n’avait encore paru dans Paris.

Le 20 juin, cette troupe, encore plus nombreuse, armée de piques, de haches et d’instrumens meurtriers de toutes sortes, garnis de rubans aux couleurs de la nation, se porta vers le palais des Tuileries, criant : Vive la nation ! à bas le véto ! Le roi était sans gardes. Une partie de ces énergumènes monte à son appartement. La porte allait être enfoncée ; le roi ordonna qu’on l’ouvrît. MM. de Bougainville, d’Hervilly, de Parois, d’Aubier, Acloque[1], Gentil, et d’autres braves gens qui étaient chez M. de Septeuil, premier valet de chambre du roi, entrèrent à l’instant dans l’appartement de Sa Majesté. M. de Bougainville, voyant le flot s’avancer avec fureur, cria : « Mettez le roi dans l’embrasure de la fenêtre, et des banquettes devant lui. » Six grenadiers royalistes du bataillon des Filles-Saint-Thomas pénètrent par un escalier intérieur, et se rangent devant les banquettes. L’ordre donné par M. de Bougainville sauva le roi du fer des assassins, parmi lesquels se trouvait un nommé Lazousky, Polonais, qui devait porter les premiers coups. Les braves défenseurs du roi di-

  1. Citoyen de Paris, commandant de bataillon, qui, pendant toute la durée de la révolution fut, par ses vertus et sa conduite, en opposition avec le régicide Santerre*.
    (Note de madame Campan.)

    *. Son fils est aujourd’hui major de la garde nationale de Paris.

    (Note de l’édit.)