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grande partie de la noblesse, furent, en ce moment, déchaînés contre l’autorité et principalement contre la reine.

Les conclusions du procureur-général et d’une partie des chefs de la magistrature, furent aussi sévères pour M. le cardinal, que l’avait été le réquisitoire ; mais, à une majorité de trois voix, il fut totalement acquitté ; la femme de Lamotte, condamnée à être fouettée, marquée et détenue ; son mari contumace fut condamné aux galères perpétuelles.

La douleur de la reine fut extrême ; aussitôt que j’appris le jugement du procès, je me rendis chez elle, je la trouvai seule dans son cabi-

    il parut un bref du pape, adressé au cardinal, où le pape lui apprend qu’ayant tenu un consistoire à son sujet, toutes les voix s’étaient réunies pour trouver qu’il avait essentiellement péché contre sa dignité de membre du sacré collége, en reconnaissant un tribunal étranger et séculier ; qu’en conséquence, il était suspendu pendant six mois, et que, s’il persistait dans une conduite aussi irrégulière, il serait rayé du rang des cardinaux. »

    Tout cela n’était qu’une vaine menace ; car l’abbé Lemoine, docteur de Sorbonne, ayant comparu pour le prince Louis de Rohan, prouva que cette éminence n’avait pu se dispenser de se soumettre au tribunal que le roi, son maître, lui avait donné, et qu’à l’égard de la conservation des prérogatives de sa dignité, il avait fait les protestations d’usage. Le souverain pontife fut si satisfait, qu’après toutes les formalités requises, il déclara le cardinal de Rohan réintégré dans tous les droits et honneurs de la pourpre romaine. »

    (Note de l’édit.)