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aux yeux du roi et des Français était le motif caché de cette intrigue, le cardinal allait peut-être affirmer qu’elle avait le collier ; qu’il avait été honoré de sa confiance pour cette acquisition faite à l’insu du roi, et indiquer un endroit secret de son appartement où il l’aurait fait cacher par quelque traître. Le besoin d’argent et la plus basse escroquerie étaient les seules bases de cette criminelle affaire. Déjà le collier était dépecé et vendu, partie à Londres et en Hollande, le reste à Paris.

Du moment que l’arrestation du cardinal fut connue, la clameur fut universelle. Chaque mémoire, qui parut pendant la durée du procès, l’augmentait encore, et rien ne tendait à en dévoiler les causes secrètes. Le clergé prit, dans cette circonstance, le parti qu’un peu de sagesse et la moindre connaissance de l’esprit d’un semblable corps auraient dû faire pressentir. Les Rohan et la maison de Condé firent, ainsi que le clergé, entendre partout leurs plaintes. Le roi consentit au jugement légal, et, dans les premiers jours de septembre, il adressa au parlement des lettres-patentes, dans lesquelles Sa Majesté disait que, « pénétré de la plus juste indignation, en voyant les moyens qui, de l’aveu du sieur cardinal, avaient été employés pour inculper sa très-chère et très-honorable épouse et compagne, il avait, etc. »

Moment funeste ! où la reine se trouva, par cette faute si impolitique, en jugement avec un sujet contre lequel le pouvoir seul du roi eût dû agir.