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Dans les premiers mois de l’année 1786, le cardinal fut pleinement acquitté et sortit de la Bastille ; madame Lamotte condamnée à être fouettée, marquée et enfermée. Par suite des fausses vues qui dirigeaient les démarches de la cour, on y trouva que le cardinal et la femme Lamotte étaient également coupables et inégalement jugés, et on voulut rétablir la balance de la justice en exilant le cardinal à l’abbaye de la Chaise-Dieu, et en laissant évader madame Lamotte peu de jours après son entrée à l’Hôpital.

Cette nouvelle faute confirma les Parisiens dans l’idée que cette vile créature, qui jamais n’avait pu pénétrer même jusqu’au cabinet des femmes de la reine, avait réellement intéressé cette infortunée princesse. Cagliostro, un de ces intrigans à prétendues sciences ou découvertes secrètes, qui viennent, tous les vingt-cinq à trente ans, occuper les oisifs les plus importans de Paris, un capucin, une fille du Palais-Royal, se trouvèrent impliqués dans ce procès ; il ne parut sur la scène aucun personnage connu. Le nommé Desclos, garçon de la chambre de la reine, et musicien de la chapelle, fut le seul homme attaché au service de la cour, que madame Lamotte ait osé citer. Il comparut dans le procès du cardinal. C’était à lui qu’elle disait avoir remis le collier. Elle le nomma parce qu’elle avait passé une soirée avec lui chez la femme d’un petit chirurgien-accoucheur de Versailles. Ainsi la prétendue amie de la reine, quand elle allait lui faire sa cour, de-