Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’archevêque osa dire, quelque temps avant sa mort, dans un discours qui fut imprimé, qu’une partie de ses opérations, pendant son ministère, avait eu pour unique but la crise salutaire que la révolution avait fait naître[1].

Lorsque la mesure infructueuse des assemblées des notables[2], et l’esprit de rébellion des par-

  1. Je suis forcé de rappeler ici deux caricatures du temps, parce qu’elles montrent, l’une dans sa gaieté grossière, l’autre dans sa méchanceté calomnieuse, quelles attaques on commençait à diriger contre le trône et les plus augustes personnages.

    « Dans ces temps de troubles et de haines (lors de l’exil des parlemens à Troyes), on se permit deux caricatures qui feront juger jusqu’à quel point les esprits étaient exaspérés. Dans la première, on faisait allusion au siége de Troie, à ce que les poëtes racontent de la ruse qui favorisa la prise de cette ville. On voyait un cheval que montait la reine de France ; d’une de ses oreilles passait l’édit de l’impôt territorial, de l’autre, la déclaration du timbre ; le garde-des-sceaux tenait la bride, l’abbé de Vermond l’étrier de la droite, la duchesse de Polignac l’étrier de la gauche. De la bouche du quadrupède sortait l’archevêque de Toulouse, du côté opposé le baron de Breteuil. Au bas on lisait cette inscription : Rassurez-vous ; ces gens-là ne sont pas des Grecs.

    » Dans la seconde caricature, plus simple et plus méchante, le roi était représenté à table avec son épouse ; il avait le verre à la main ; la reine portait un morceau à sa bouche ; le peuple était autour de la table en foule, la bouche ouverte. Au bas on lisait : Le roi boit, la reine mange, le peuple crie. » (Anecdotes du règne de Louis XVI, T. Ier.)

    (Note de l’édit.)
  2. L’assemblée des notables, comme on le voit dans les Mémoires de Weber, T. Ier, renversa les plans et causa la chute de