Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/373

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Nous ajouterons qu’il faut bien avoir la fureur de dire de tristes bons mots pour en faire sur un pareil sujet.


Note (B), page 22.

« Le clergé, assemblé alors, saisit cette occasion pour faire valoir ses droits.

» L’archevêque de Narbonne prononça dans l’assemblée un discours dont voici quelques fragmens :

« Messeigneurs et Messieurs, il n’y a personne parmi nous qui ignore le malheur qu’a eu M. le cardinal de Rohan d’encourir la disgrâce du roi. Nous devons sans doute craindre qu’il ne soit bien coupable, puisque Sa Majesté a cru devoir le faire arrêter avec éclat, s’assurer de sa personne et de ses papiers… De quelque genre que soit le délit, nous ne craignons pas de dire d’avance que nous le détestons. Mais M. le cardinal de Rohan réunit à la qualité de cardinal celle de grand-aumônier, celle d’évêque du royaume. Ce titre, qui nous est commun avec lui, nous impose le devoir de réclamer les maximes et les lois qui ont prescrit qu’un évêque doit être jugé par des évêques. À Dieu ne plaise que nous prétendions par-là vouer notre ordre à l’impunité, et le soustraire à l’obéissance due au roi !… Nous professons et nous enseignons que la puissance de nos rois est indépendante… Nous tenons fermement que notre consécration au service des autels ne transporte à aucune puissance sur la terre les droits auxquels nous a soumis notre naissance. Nous n’avons point à réclamer des priviléges qui soient incompatibles avec ces vérités fondamentales ; nous réclamons avec confiance ceux que les lois, les rois et la nation nous ont transmis. Nous les trouverons dans les mêmes sources d’où dérivent ceux des pairs, des gentilshommes, et des officiers des Cours. »

» D’après les considérations réunies dans cette harangue, le clergé composa un mémoire, et écrivit au roi une lettre éloquente dans laquelle on lit les passages suivans :