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sence et par celle du roi, qu’ils résidaient avec plaisir dans leur capitale. J’introduisis la députation qui venait lui faire cette demande. Sa Majesté répondit qu’elle aurait infiniment de plaisir à se rendre à l’invitation de la ville de Paris, mais qu’il fallait du temps pour perdre le souvenir des affligeantes journées qui venaient de se passer, et dont son cœur avait trop souffert. Elle ajouta, qu’étant arrivée à Paris précédée par les deux têtes des fidèles gardes qui avaient péri à la porte de leur souverain, elle ne pouvait penser qu’une telle entrée dans la capitale dût être suivie de réjouissances ; mais que le bonheur qu’elle avait toujours trouvé à paraître au milieu des habitans de Paris n’était pas effacé de sa mémoire, et qu’elle en jouirait encore, comme autrefois, aussitôt qu’elle croirait le pouvoir.

Leurs Majestés trouvèrent quelques consolations dans leur vie privée[1] : la douceur de Madame et son

  1. « Le 19 octobre, c’est-à-dire treize jours après être venu fixer son séjour à Paris, le roi alla, presque seul et à pied, passer en revue des détachemens de la garde nationale. Après cette revue, Louis XVI rencontra un enfant qui balayait et qui lui demanda quelque argent. Cet enfant appela le roi M. le chevalier. Sa Majesté lui donna six francs. Le petit balayeur, surpris de recevoir une si grosse somme, s’écria : « Oh ! je n’ai pas de quoi vous rendre, vous me donnerez une autre fois. » Une personne qui accompagnait le monarque, s’approchant de l’enfant, lui dit : « Mon ami, garde le tout ; ce monsieur-là n’est pas chevalier, il est l’aîné de la famille. »
    (Note de l’édit.)