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en songeant à l’absente…


Comme l’on voit périr la rose qui se fane,
Immobile et rêveur, sans larme ni soupir,
Dans l’oubli, chaque soir, j’ai vu s’anéantir
L’étreinte et le baiser des vaines courtisanes.

Car s’il faut à mon corps l’eau limpide et le pain,
À mon cœur triste il faut ta tendresse fidèle,
Et je n’aurais créé l’œuvre puissante et belle
Qu’après avoir cueilli ton âme, sur ton sein.

Que serai-je sans toi ? Qu’importe, ma chérie,
Si ma joie ici-bas doit te coûter des pleurs,
Périsse donc ma gloire, au prix de ta douleur,
Je resterai l’obscur, et tu seras l’amie.

« D’un autre on contera : ce fut lui, le poète ;
« Il avait l’âme triste et la chair inquiète.
« Une femme lui dit : « il ne faut plus souffrir ;
« Chante ! De ta jeunesse éclaire l’avenir,
« Guide les voyageurs sur la route poudreuse,
« Fais surgir une foi des foules douloureuses,
« Verse aux jours de colère en des cœurs agités
« Un beau chant d’espérance et de sérénité.