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la lente épreuve

 

Les torrents à ses pieds grondaient avec fracas ;
Son cri désespéré s’enfonçait dans l’abîme !
Alors il s’élançait, hurlant, de cime en cime,
Ainsi qu’un fou hagard, frappant de tous côtés,
Au tronc des durs sapins, son front ensanglanté.
Et s’il ne se trouvait un gite secourable,
À l’aurore, il gisait, chétif et lamentable,
Dans quelque trou fangeux, aux trois quarts enlizé,
Serrant contre son cœur son pauvre luth brisé !


Notre gîte sauveur, c’est votre amour, ô femmes,
C’est vous qui réchauffez nos lèvres et nos âmes.
Quand la foule a meurtri son rêve harmonieux,
Le poète, en tremblant, se penche sur vos yeux.
Les beaux vers, ceux-là seuls auront su les écrire
Qu’une femme a pressés sur son cœur en délire,
Dans la forêt déserte ou sur le bord des flots,
Avec de longs baisers et de profonds sanglots.


Puissants baisers, larmes fécondes,
Femmes, versez-les à plein cœur
À ceux qui courent par le monde,
Apaisant les âpres douleurs !