Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
à propos de couvent

 

Au-delà des barreaux, librement sous les cieux
D’autres femmes là-bas peuvent prier et vivre,
Heureuses des couleurs, des sons harmonieux,
L’univers infini se mire dans les yeux
Quelque soit leur chemin, elles l’ont voulu suivre.

Certaines, en avril, rieuses, s’en iront
Parler d’amour le long des ruisselets rapides,
Sur le front de l’époux penchant leur jeune front
Et par les sombres jours, compagnes intrépides,
Gardiennes du foyer, fidèles, souffriront.

Certaines graviront seules la côte dure,
Mais au divin baiser des étoiles d’argent,
Elles iront très loin, errant à l’aventure,
À travers des faubourgs noirs de peuple indigent,
Heureuses d’oublier leur mal, en soulageant…

Mais demeurer captive, abdiquer sa pensée,
Et par les nuits d’hiver, lorsque le vent du nord
Mugit lugubrement par les longs corridors
S’éveiller frissonnante et la bouche glacée
Aux pieds d’un grand Christ blanc, de marbre, qui se tord !