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il est indispensable que la terre elle-même contienne les éléments nécessaires pour se combiner avec eux[1]. L’atmosphère qui plane aujourd’hui, sur les champs de tabac épuisés de la Virginie, contient les mêmes éléments que celle qui plane sur les plus belles fermes du Massachusetts, de la Belgique ou de l’Angleterre ; et cependant il n’y existe aucune puissance de combinaison, parce que certains autres éléments ont été enlevés et envoyés au dehors, et qu’à défaut de ceux-ci il ne peut y avoir aucun mouvement dans le sol. Pendant que ces éléments existaient dans le pays, les individus pouvaient vivre réunis sur le territoire ; mais avec l’appauvrissement de celui-ci les premiers ont disparu. Pour que la puissance d’association entre les individus s’accroisse, il faut qu’il y ait un échange réciproque constamment croissant, c’est-à-dire mouvement, entre la terre et l’atmosphère ; et cet échange ne peut avoir lieu dans un pays quelconque où n’existe pas la diversité des travaux, et dans lequel, conséquemment, le lieu de consommation étant éloigné du lieu de production, le fermier se borne à la culture unique des produits qui peuvent supporter le transport en des contrées lointaines. Aussi voyons-nous diminuer considérablement la puissance productive de la terre, dans les pays du continent oriental où il n’existe que peu ou point de manufactures, en Irlande, en Portugal, en Turquie, dans l’Inde, etc. Aussi voyons-nous pareillement, avec l’abaissement du chiffre de la population et la diminution du mouvement dans la société, la difficulté de se procurer les substances alimentaires augmenter, en même temps que diminue la quantité d’individus qui ont besoin d’être nourris.

  1. Tous les principes constituants nitrogènes des plantes dont nous faisons usage comme aliments ne consistent, il est vrai, qu’en carbone, hydrogène, oxygène et azote. Mais la présence de ces substances seules n’offre pas le moindre secours à la plante. Elle ne peut former par elles un grain d’albumine ou de gluten, si elle ne contient en même temps, et dans des conditions relatives convenables, des sels à base d’acide phosphorique. L’amidon si utile, le sucre si doux au palais, l’acide citrique si rafraîchissant, l’huile essentielle et aromatique qu’on extrait des oranges, sont, à la vérité, composées uniquement de carbone, d’oxygène et d’hydrogène ; mais la plante ne peut préparer ces dons pour nous, quelqu’abondants que puissent être ces éléments, si elle ne possède aussi des sels alcalins. La mince tige du froment ne pourrait s’élever ni ses grains mûrir aux regards du soleil, si le sol ne lui fournissait la silice, qui donne à ses cellules la solidité nécessaire pour lui permettre de se tenir debout. (Schleiden, La Plante, p. 206.)
      La conclusion est donc simple : C’est, qu’à l’avenir, nous ne devons jamais cul-