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Une conséquence de cette première découverte fut celle d’une loi générale de distribution, embrassant tous les produits du travail, appliqué à la culture ou à la transformation des matières, à des changements de lieu ou de forme. Suivant les théories alors généralement admises, le profit que fait un individu était toujours accompagné d’une perte subie par un autre, les rentes s’élevant à mesure que le travail devenait moins productif, et les profits haussant, à mesure que les salaires baissaient ; doctrine qui, si elle était l’expression de la vérité, ne tendrait à rien moins qu’à produire la discorde universelle, et qui ne serait également que la conséquence naturelle d’une grande loi établie par la Divinité pour le gouvernement de l’espèce humaine[1].

La loi que nous avons publiée à cette époque et que nous reproduisons aujourd’hui était complètement contraire à cette doctrine, puisque cette loi prouvait que le capitaliste et le travailleur profitaient l’un et l’autre de toute mesure qui tendait à rendre le travail plus productif, tandis qu’ils ne

    ne serait nécessaire pour la produire. Je regarde cette formule comme très-heureuse ; en effet, tandis que d'un côté elle conserve l'idée de prix, à laquelle l'esprit se reporte constamment, elle évite, d'un autre côté, l'absurdité à laquelle nous conduit cette théorie qui prétend voir, en toute occasion, une valeur équivalente au prix de production ; et finalement elle démontre, d'une façon plus complète, la justice essentielle, à laquelle nous obéissons dans nos échanges. » (Ferrara. Bibliothèque de l'économiste, tome XII, p. 117).

  1. «Les bas salaires, par suite de la concurrence, font baisser le prix des produits auxquels l'ouvrier travaille ; et ce sont les consommateurs des produits, c'est-à-dire la société toute entière, qui profitent de leur bas prix ; si donc, par suite de ces bas prix, les ouvriers indigents tombent à sa charge, elle en est indemnisée par la dépense moindre qu'elle fait sur les objets de sa consommation. » (J. B. Say, Traité d'économie politique, livre II, chap. vii, p. 379. Paris, Guillaumin, 1841, gr. in-8°.)

    On suppose ici que la société profite d'un état de choses qui appauvrit l'ouvrier et le réduit à l'hôpital. Les intérêts du chef d'industrie et ceux des ouvriers qu'il emploie étant identiques, un pareil état de choses ne peut exister.