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des machines ; et qu’il n’existe qu’un seul système de lois qui régit toute la matière, sous quelque forme qu’elle se présente.

Il y a douze ans, la valeur annuelle de la terre et des mines de la Grande-Bretagne, en y comprenant la part du clergé, était estimée par Robert Peel à 47.800.000 liv., 239.000.000 de fr., ce qui donnerait pour une possession de 25 ans, une somme principale de près de douze cents millions de liv. st., soit fr. 6.000.000.000. En évaluant le salaire des ouvriers, des mineurs, des artisans et de ceux qui dirigent leurs travaux, à raison de 50 liv., ou 1.250 fr. par an, pour chaque individu, la terre alors représenterait le travail de 24 millions d’individus en une seule année, ou d’un million d’individus pendant 24 années.

Supposons maintenant la Grande-Bretagne réduite à l’état où la trouva César ; couverte de forêts impénétrables (dont le bois n’a point de valeur à cause de sa surabondance), de marais, de bruyères et de déserts sablonneux ; estimons alors la quantité de travail qui serait nécessaire pour la placer dans la situation où elle se trouve aujourd’hui, avec ses terrains défrichés, nivelés, enclos et drainés ; avec ses routes à barrière de péage et ses chemins de fer, ses églises, ses écoles, ses collèges, ses tribunaux, ses marchés, ses hauts-fourneaux et ses foyers ; ses mines de houille, de fer et de cuivre, et les milliers d’autres améliorations nécessaires, pour mettre en activité ces forces pour l’usage desquelles on paie une rente, et l’on constatera que le travail de millions d’individus pendant plusieurs siècles, serait indispensable, lors même qu’ils seraient pourvus de toutes les machines des temps modernes, des meilleures haches et des meilleures charrues ; et qu’ils auraient à leur disposition la machine à vapeur, le chemin de fer et sa locomotive.

La même chose peut se voir aujourd’hui sur une plus petite échelle. Une partie du Lancashire du sud, la forêt et la chasse de Rossendale, embrassant une superficie de 24 milles carrés, contenait 80 habitants au commencement du seizième siècle ; et le montant du livre censier, au temps de Jacques Ier, il y a un peu plus de deux siècles, s’élevait à la somme de 122 l., 13 sch. 8 pence, soit 3.066 fr. 43 c. Cette région possède maintenant une population de 81.000 individus ; et l’état de revenus annuel s’élève à 50.000 liv, soit 12.500 fr., qui, pour une possession de vingt-cinq ans équiva-