Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/229

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nous désirons avoir une preuve de ce fait, il nous suffit d’observer, d’une part, à quel degré de pauvreté et de faiblesse se trouvent réduites les diverses sociétés du globe, occupant des régions pourvues abondamment de toutes les qualités nécessaires pour permettre à leurs propriétaires de devenir riches et puissants ; sociétés qui cependant continuent à ne faire aucun progrès, à défaut de cette facilité pour combiner les efforts, si indispensable au développement des facultés intellectuelles ; et de l’autre quelle est la richesse et la puissance d’autres sociétés, dont les terres paraissent manquer de presque toutes les qualités nécessaires pour produire la richesse ou la puissance. Il est peu de pays qui offrent à leurs habitants un sol plus ingrat pour la culture que celui de nos États de l’est ; ils n’ont que peu de charbon de terre, en même temps qu’ils manquent complètement de la plupart des produits métalliques de la terre ; et cependant, parmi les sociétés humaines répandues sur le globe, la Nouvelle-Angleterre occupe un rang élevé, parce qu’au sein de sa population on trouve l’habitude de l’association existant sur une grande échelle, en même temps qu’une activité correspondante dans ses facultés. Si nous tournons les regards vers le Brésil, nous y trouvons un tableau tout à fait opposé ; la nature y fournit un sol fertile pour tous les besoins de la culture, un sol où se trouvent abondamment les minéraux et les métaux les plus précieux ; et tous ces biens restent presque complètement inutiles, faute de cette activité d’esprit qui résulte nécessairement de l’association de l’homme avec ses semblables.

Le pouvoir de commander aux diverses forces de la nature est une force qui existe dans l’homme, à l’état latent, tout le temps qu’il est contraint de vivre et de travailler seul, mais qui, de plus en plus, se réveille et devient active, à mesure qu’il devient plus capable de travailler de concert avec ses semblables.

Ainsi que nous l’avons déjà dit, la propriété d’être utile à l’homme existe dans toute la matière ; mais pour que cette propriété soit utilisée, l’homme doit posséder la puissance nécessaire pour triompher de la force de résistance de la nature, et cette puissance il ne peut l’avoir dans l’état d’isolement. Placez-le au milieu d’une société considérable où les occupations sont diversifiées à l’infini, et ses facultés vont se développer. Avec l’individualité arrive la puissance d’association, toujours accompagnée de ce