Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/241

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donne du cuir contre ses peaux, et le fabricant du papier contre ses chiffons. Son pouvoir de commander l’emploi du mécanisme d’échange augmente ainsi constamment, tandis que la nécessité d’en faire usage diminue dans la même proportion ; à mesure que les années se succèdent, il se manifeste une tendance plus considérable au rapprochement réciproque du producteur et du consommateur ; chaque année, le colon constate un accroissement dans le pouvoir de consacrer son temps et son intelligence, aux opérations ayant pour but de façonner le puissant instrument auquel il doit les substances alimentaires et la laine ; et c’est ainsi, que l’accroissement de la population qui consomme est indispensable au progrès de la production.

La perte résultant de l’emploi du mécanisme de l’échange est en raison du volume de l’article à échanger ; au premier rang sont les substances alimentaires, au second le combustible, au troisième la pierre à bâtir ; le fer occupe le quatrième, le coton le cinquième et ainsi de suite, jusqu’à ce que nous arrivions aux dentelles et aux épices (nut-megs). Les matières premières étant celles à la formation desquelles la terre a le plus coopéré, et celles aussi par la production desquelles le sol est le plus amélioré, plus le lieu d’échange, ou de transformation, peut être rapproché du lieu de production, moins il doit y avoir de perte dans l’opération, et plus doit être considérable le pouvoir d’accumuler le capital destiné à seconder la production d’une richesse nouvelle. Que les choses doivent nécessairement se passer ainsi, c’est ce qui sera évident pour quiconque réfléchira qu’en physique c’est une loi : que tout ce qui tend à diminuer la quantité du mouvement mécanique, tend à diminuer le frottement et à augmenter la force.

L’individu qui produit les subsistances sur son propre terrain construit la machine, en vue de produire avec plus d’avantage l’année suivante. Son voisin auquel elles sont données à la condition de rester en repos, perd le travail d’une année sur sa machine, et tout ce qu’il a gagné s’est réduit au plaisir de consumer son temps à ne rien faire. S’il a employé lui-même ses chevaux et son chariot à transporter ces subsistances dans sa demeure, en employant le même nombre de jours qui eût été nécessaire pour les produire, il a fait un mauvais emploi de son temps ; car la ferme n’a pas été améliorée. Il a perdu le travail et l’engrais. Comme