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produit du travail que peut demander celui qui les possède, en retour de la concession de leur usage. Conséquemment, tous ceux qui désirent diminuer la domination du capital à l’égard du travail, et accroître ainsi la liberté de l’individu, doivent souhaiter que le développement de la richesse soit favorisé.

La richesse augmente en même temps que la puissance d’association et le développement de l’individualité. L’individualité se développe à mesure que les occupations se diversifient ; et c’est pourquoi l’individu est devenu toujours plus libre, à mesure que le fermier et l’artisan ont tendu de plus en plus à se rapprocher l’un de l’autre.

§ 3. — De la richesse positive et de la richesse relative. Le progrès de l’homme est en raison de la diminution de la valeur des denrées et de l’accroissement de sa propre valeur.

Nous sommes accoutumés à mesurer la richesse des individus ou des sociétés, d’après la valeur de la propriété qu’ils possèdent ; tandis que la richesse augmente, ainsi que nous le voyons, avec la diminution des valeurs, lesquelles sont, uniquement, la mesure de la résistance à vaincre avant qu’une propriété ou des denrées semblables puissent être reproduites. Cette manière de voir peut donc sembler en opposition avec l’idée générale qu’on se forme de la richesse ; mais en la soumettant à l’examen, on s’apercevra que cette différence n’est qu’apparente. La richesse positive d’un individu doit s’évaluer d’après le pouvoir qu’il exerce ; mais on doit évaluer sa richesse relative, d’après la somme d’efforts que devraient échanger d’autres individus, avant d’être capables d’acquérir un pouvoir semblable. Le propriétaire d’une maison qui lui offre un abri, et d’une ferme qui lui fournit subsistances et vêtements, possède une richesse positive, bien que ni l’une ni l’autre n’ait de valeur d’après l’estimation d’autres individus. Si on lui demande de fixer le prix auquel il consentirait à s’en dessaisir, il estimera la somme d’efforts qu’on exigerait d’autres individus, avant qu’ils pussent acquérir un semblable pouvoir ; et ce sera la mesure de sa richesse, comparée à celle d’un individu qui n’aurait ni maison ni ferme. Sa richesse positive consiste dans l’étendue du pouvoir qu’il exerce sur la nature. Sa richesse relative est la mesure de ce même pouvoir, comparé avec celui qu’exercent ses semblables.

Cependant, à ce moment même, un perfectionnement survient dans le mode de fabrication des briques et le défrichement des terres ; immédiatement il y a diminution dans sa richesse relative,